Avant même que ne sorte son nouvel album, Prince a déboulé en Europe avec son nouveau groupe exclusivement féminin, le 3rdEyeGirl, histoire, comme il l’a fait mardi au Sportpaleis d’Anvers de nous rappeler le bon vieux temps.
Venant du Kid de Minneapolis, on ne s’étonne plus de rien. Comme de tout faire à l’envers. Deux firmes annoncent une nouvelle production discographique du Maître. PiaS a déjà publié le single “Pretzelbodylogic” extrait de l’album Plectrumelectrum, dont la date de sortie précise n’est pas encore connue, alors que son ancienne firme, Warner, dont il s’est longtemps senti l’esclave, a renoué visiblement avec notre homme puisqu’elle annonce à son tour la sortie d’inédits et de titres remastérisés, avec, là aussi un single à la clé, intitulé “The Breakdown”.
Pressé de venir nous montrer son nouveau groupe, Prince a d’abord débarqué à Londres début de l’année, se produisant dans des petits clubs sans trop prévenir. Mais là, maintenant, le Hit And Run Tour est nettement moins confidentiel puisqu’il passe par ce Sportpaleis d’Anvers que Prince avait découvert en 1987 lors de la tournée Sign O’ the Times.
“Wear Purple”, avait-il demandé aux fans qui n’ont pas besoin de se faire prier pour se déguiser. A 20h30, après avoir joué avec nos nerfs en éteignant et rallumant les lumières, il arrive sur scène pour une heure de tubes des années 80. Old school, dit-il. Et c’est “Let’s Go Crazy” qui ouvre le bal. Le son est épais, la frappe est lourde. Ses gamines, c’est à demander s’il les a trouvées à un festival de métal. Donna Grantis à la guitare, Ida Nielsen à la basse et Hannah Ford Welton à la batterie (sorte de John Bonham au féminin côté frappe) ont du plomb dans les biceps. Une claviériste, dans le noir, se charge de balancer les samples d’époque. On déguste ce nouveau menu avec “Raspberry Beret”, “Kiss”, “When Doves Cry”, “Sign O’ the Times”, “Controversy”, “1999″, “Little Red Corvette”… pour terminer ce premier set par “Nothing Compares 2 U”. Les tubes défilent sans que son Altesse ne daigne quitter son bonnet de laine. Ses petits cris, ses solos de guitare, ses pas de danse… Tout est là et on revit nos belles années 80.
Cette entrée en matière très pop, avec le public sollicité pour chanter avec lui, est suivie d’une deuxième partie introduite par l’inédit “Funkroll”. “I Would Die 4 U”, “Housequake”, “Alphabet Str.” et “Purple Rain” en final, avec les canons de petits papiers pourpres de rigueur, sentent déjà la fin du concert. C’est fait exprès. Prince s’en va, les lumières se rallument… 1h23 ? Un peu court, jeune homme. C’est pour rigoler car le revoilà mais à l’envers car après les superbes “The Beautiful Ones” (seul au piano et à s’en décrocher la glotte) et “Diamonds & Pearls”, il se lance dans des titres nettement moins convaincants, comme “Guitar” ou le nouveau “Plectrum Electrum”. L’ambiance, forcément, retombe. Une partie du public s’est rassise (alors qu’il était debout comme un seul homme dans la première heure). On le disait: Prince aime faire les choses à l’envers.
Son nouveau disque paraîtra sans doute une fois de plus dans l’indifférence générale. Ce n’est pas grave, il s’en fout. Il est loin le temps où ses ventes de disques payaient des tournées barnumesques. Aujourd’hui, les décors ont disparu. Reste un joli light-show traditionnel et surtout une incroyable machine à danser. Ce concert, Prince peut nous le faire tous les deux ans, en veillant peut-être à mieux équilibrer son répertoire.
THIERRY COLJON