Le volet européen de la tournée Artrave: The Artpop Ball, lancé mardi au Sportpaleis d’Anvers s’apparente pour Lady Gaga à une reconquête. Avec plus de couleurs et moins d’excentricité.
Lady Gaga a refermé mardi sa parenthèse jazz en compagnie de Tony Bennett. Le disque est sorti, elle l’a promu Grand’Place. Terminé pour celle qui peut maintenant retrouver ses Little Monsters de fans. Car il ne s’agirait pas de laisser l’hémorragie perdurer. L’album Artpop s’est moins bien vendu que prévu et, pour la première fois de sa carrière, on trouvait encore des places pour le concert au Sportpaleis, pourtant une première européenne.
Pour accueillir son public, Lady Gaga a fait le choix de Lady Starlight, son amie DJ qui, mardi, a surpris avec une tenue vestimentaire traditionnelle très sage (juste une robe à fleurs comme si elle allait vendre le lait de ses vaches au marché!). N’empêche, celle-ci a réussi à installer une ambiance à la Tomorrowland qui s’est prolongée jusqu’à la (trop) longue attente avant l’arrivée de la diva.
On retrouve ensuite l’ADN des shows de la Lady: une scène gigantesque se prolongeant très loin dans le public, un décor croisant les maisons de Santorin avec des allusions sexuelles et une douzaine de danseurs et danseuses jouant à fond la carte gay et sexy. Réputée pour ses tenues la transformant en statue de marbre, Stefani, cette fois, impose un style nettement plus sportif. Les petits justaucorps moulants remplacent les sculptures abracadabrantes et non, elle ne se transforme plus en moto. Lady Gaga sait quoi faire pour plaire à ses Petits Monstres: aligner les tubes sans fléchir. “Just Dance”, “Poker Face”, “Telephone”, “Paparazzi”, “Born This Way”, “Judas”, “Alejandro”, “Bad Romance”, Applause”… Tout s’enchaîne sans temps morts. Gaga prend juste le temps – histoire de reprendre son souffle – de se poser seule derrière son piano en milieu de parterre ou de rappeler à tous le message d’Artpop: elle avoue qu’au moment de son écriture, sa vie était un bordel et qu’il s’agissait pour elle d’insuffler de la rage contre la souffrance, la solitude et la tristesse. Artpop est une libération artistique passant par un show très coloré, inspiré du pop art de Jeff Koons mais aussi du monde des mangas de Murakami. L’ensemble est toujours aussi joyeux et énergique. Lady Gaga garde ce contact privilégié avec ses Little Monsters qu’elle couvre de cadeaux (lancés dans la foule) et ceux-ci le lui rendent bien en lançant sur elle de quoi se vêtir, des nounours et des mots d’amour (elle lira même la lettre d’un gay lui affirmant qu’elle lui a sauvé la vie).
Néanmoins plus sage que ses précédents shows, cet Artpop Ball a pour lui de véhiculer dans la bonne humeur et de sacrés moyens des idées positives et saines de tolérance qui sont toujours bonnes à prendre.
THIERRY COLJON